Vincent Peraro

À l’invitation du festival Ar(t]chipel, Vincent Peraro déploie dans le parc du château quatre œuvres tissant un dialogue sensible entre l’architecture du monument et le paysage.

Partita se présente comme un espace traversé par des flux — vents, lumières, reflets — "comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer" (Baudelaire, Les Phares). C’est un espace en mouvement, fluide et changeant, qui s’apparente à une peau translucide : à la fois enveloppe et corps de l’œuvre. L’intérieur, structuré en volumes et paliers, se divise en zones qui ne permettent pas la traversée mais favorisent les échanges d’air, de lumière, de couleurs, de vibrations. 

Entre fuite et expansion, flux et reflux, Partita joue de ces dualités pour proposer une expérience de perception en perpétuelle transformation. Son titre, emprunté à une forme musicale issue de la suite, souligne le lien entre rigueur formelle et liberté d’interprétation. 

Placée en léger décalage avec la géométrie du bâti, l’œuvre s’installe dans le parc comme une présence discrète mais toujours vibrante, ouverte aux variations de lumières et au passage des visiteurs.

La Litre, seconde œuvre de l'artiste présentée, évoque la fugacité de la présence. Son nom rappelle la tradition médiévale où une bande noire peinte sur les édifices religieux signalait la disparition d’un corps.

Ici, la sculpture se donne d’abord comme un trou dans le paysage : une profondeur obscure due à l’usage du feutre de basalte renforçant la résine et absorbant le regard. Pourtant, l’intervention du soleil suffit à transformer cette masse noire en surfaces incandescentes, en éclats de feu qui renversent toute première impression. Installée à l’ouest du parc, la pièce guette le coucher du soleil ou la fulgurance d’un rayon pour se révéler dans une mesure poétique du temps. 

À ses abords, trois coques couleur « rose de Tyr », obtenue à partir de pigments de mollusques marins, reposent sur le miroir d’eau, ajoutant au jeu de reflets et de correspondances.

Dans la chapelle enfin, quelques pièces de bois entrent en résonance avec les arcs et les voûtes de l’édifice, comme une partition intérieure répondant aux œuvres extérieures. 

Ces œuvres ne se livrent jamais d’un seul regard : elles se construisent dans le dialogue constant avec le lieu qui les accueille, avec le paysage, avec la lumière. Entre intérieur et extérieur, opacité et transparence, perception et sensation, Vincent Peraro compose des espaces sensibles dont la perception dépend du point de vue, du moment, de l’attention portée.

Vincent Péraro est né en France en 1963. Il est diplômé de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, section sculpture, et a obtenu le Prix Bourdelle en 2000.

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